Chose promise, chose faite. La nouvelle ministre des consommateurs Lise Thériault, qui s’était engagée à renforcer la Loi sur la protection du consommateur (LPC) au fur et à mesure que les problèmes surgissent, vient de passer de la parole aux actes.
« Je pense qu’un projet de loi par année, ce n’est pas de trop. Il y a tellement de nouvelles affaires qui se passent qu’on doit s’adapter rapidement », répète celle qui est devenue, l’automne dernier, la ministre responsable de la Protection des consommateurs et de l’Habitation, un poste qui n’existait plus depuis 30 ans.
Au lieu de faire languir les consommateurs pendant de longues années pour pondre une réforme complète de la LPC, Mme Thériault propose quelques mesures ciblées qui vont agir là où ça fait mal. Elle s’attaque à des problèmes bien réels comme la vente à pression de vacances à temps partagé (time-sharing).
Mais le projet de loi 178, présenté hier à l’Assemblée nationale, prévoit aussi des mesures pour mieux encadrer les services funéraires et la revente de billets de spectacles (voir l’onglet suivant).
« Ça fait des années qu’on espérait que ça bouge du côté législatif. C’est un autre pas dans la bonne direction. »
— Sylvie De Bellefeuille, avocate chez Option consommateurs
Toutefois, les organismes de défense des consommateurs restent déçus de la mesure visant à interdire la sollicitation pour des cartes de crédit dans les établissements d’enseignement, qui ne vise pas les universités.
« On trouve la proposition très décevante, parce qu’elle est trop restreinte », dit Sarah Maillé, porte-parole de l’Union des consommateurs.
C’est bien dommage, en effet. Au lieu de succomber à la première carte de crédit offerte sur le campus, les étudiants devraient plutôt être encouragés à faire leurs devoirs et à magasiner pour dénicher celle qui est le mieux adaptée à leurs besoins.
Mais la ministre n’a pas voulu faire de vagues.
« Tant qu’à déposer quelque chose qui prêterait à controverse, j’aime mieux privilégier la stratégie des petits pas pour faire en sorte qu’on puisse protéger, dans un premier temps, les plus jeunes étudiants. »
— Lise Thériault
Québec a aussi accouché hier d’un projet de réglementation qui touche notamment des programmes de fidélisation comme Air Miles, qui avait soulevé un tollé en annonçant l’expiration de ses points.
Cette pratique a été interdite dans le projet de loi 134 déposé avant Noël qui visait le surendettement. Mais tout se joue dans les détails… ou plutôt dans les règlements qui accompagnent la loi.
On a donc appris hier que Québec allait permettre aux programmes de fidélisation de faire expirer les points accumulés lorsque leurs clients ont laissé leur compte inactif durant plus d’un an, à condition qu’ils soient avertis 30 jours avant la date fatidique. Mais comme les clients ne portent pas toujours attention à ces petits avis, ça va ruer encore dans les brancards.
Par contre, Québec défendra aux programmes de fidélisation de contourner l’esprit de la loi en diminuant de façon « disproportionnée » la valeur des points accumulés par leurs membres. Bravo ! À ce chapitre, Québec va au-delà des règles adoptées récemment par l’Ontario. Mais encore faut-il que le règlement soit adopté tel quel…
La ministre espère que l’adoption des règlements pourrait avoir lieu d’ici le mois de juin, tout comme les nouvelles mesures annoncées hier.
Ne restera plus à la ministre Thériault qu’à trouver un peu de temps pour faire aboutir d’ici la fin du printemps la réforme des règles entourant les copropriétés que l’industrie réclame quasi unanimement depuis trop longtemps. « Ça chemine », assure-t-elle.